Chère afrodescendante, c'est où chez toi?
Si tu préfères la version audio, c'est par ici.
Je suis sûre que tu as une réponse toute prête pour cette question. Ce n’est pas une question que les gens te posent directement. C’est plutôt un questionnement qui s’impose quand tu as une double culture, voire des plusieurs influences culturelles.
Chez toi, normalement c’est soit le lieu dans lequel tu vis à l’instant T, ou le lieu où tu as grandis.
Cependant quand ton apparence physique, ton nom ou peut-être même ton aptitude à connaître plusieurs langues ramènent toujours à l'idée que tu as en toi de l'étranger, tu auras inévitablement droit au fameux: ‘’retourne chez toi!’’.
Seulement quand tu as une double culture, tu ne sais pas toujours où te placer, tu ne te sens jamais complètement d’un bord comme de l’autre.
Comment se sentir chez soi sur la terre de ses parents, grands-parents, la terre de ses origines?
Ce n’est pas si simple. On en revient encore à la question de l’identité et de l’importance d’embrasser pleinement sa pluralité. Quand tu te rends dans ton pays d’origine, on te renvoie directement d'où tu viens, on te colle déjà une étiquette, définie selon ta manière de parler ou encore ta provenance. Encore ces préjugés….
Ton ‘’chez toi’’ devrait être synonyme d’un lieu où tu te sens bien, où tu t’épanouis, où tu as tes aises. Tu dois pouvoir être bien dans ta tête et dans ton corps, quand tu es chez toi. Un endroit où tu t’es construit un cocon, un refuge loin du brouhaha du reste du monde.
Nous avons passé beaucoup de temps chez nous lors de la dernière année et au-delà du concept de ‘’maison’’, nous avons vu la notion de ‘’chez soi’’ être redéfinie par tous ces mouvements de personnes quittant un pays pour un autre, motivées par diverses raisons.
Avoir une double culture c’est se sentir plus proche d'une culture que de l'autre.
Les liens tissés avec la culture d'origine dépendent des circonstances: le pays dans lequel tu vis, la culture dominante dans laquelle on a grandi, la langue parlée à la maison, le fait ou non de côtoyer une communauté, la dynamique de la famille élargie, tes fréquentations.
C’est avoir en soi deux pays, deux identités, être fière ou pas, se sentir légitime de revendiquer son appartenance ou pas. Les histoires sont différentes, les parcours sont différents, mais les questionnements restent les mêmes.