Chère afrodescendante, et si tu changeais l'histoire?
Si tu préfères la version audio, c’est par ici!
Il faut nous émanciper de l'écriture de l'histoire faite sous la dictée du regard de l'autre. Ibrahima Thioub
Je note une tendance dernièrement, ou c'est peut être plutôt parce que je m'y intéresse de plus en plus...un besoin chez les afrodescendants de se réapproprier leur histoire. L'histoire telle qu'on nous la raconte et qu'on a entendu de générations en générations est-elle vraie?
L'histoire de l'Afrique fait l'objet d'un débat qui oppose les Africains et Afrodescendants passionnés par leur continent à ceux qui considèrent la grandeur africaine comme un mythe inventé par des afrocentristes.
Qui des deux parties a raison? S'agit-il vraiment d'avoir raison ou de plutôt démontrer la vérité?
On est d'accord pour dire que l'Afrique n'a pas une histoire unique, tout comme la culture. Cependant, pour les besoins de cette réflexion, nous allons faire de la généralisation parce qu'au final, la problématique reste la même: connaître la vérité sur l'histoire de chaque pays d'Afrique.
Chinua Achebe disait:
Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur.
Et c'est ce qui s'est passé, non? Ce que l'on sait de l'Afrique finalement, c'est ce qui a été conceptualisé par l'Europe et qui s'est imposé à nous. Des chercheurs, universitaires, scientifiques du continent ont produit bon nombre d'ouvrages, de documentation, de savoir sur ce sujet. Je pense que l'histoire a quand même été racontée par nos anciens, nos pères des sociétés africaines.
Mais aujourd'hui, qu'en est-il? Les Afrodescendants à travers l'Afrique et le monde connaissent-ils leur histoire? Je pense que non, ou en tout cas que peu la connaissent.
Pour ma part, je vois beaucoup d'informations circuler aussi bien sur les réseaux sociaux que sur internet de manière générale, qui ont tendance à réfuter l'histoire telle qu'on la connaît pour raconter l'histoire telle que cela aurait dû l'être. Mais je m'interroge sur l'efficacité de cette approche: fait-elle ses preuves?
J'ai lu quelque part cet article qui traitait sur l'histoire de l'Afrique et qui disait que dans la lutte pour la liberté, il ne s'agit pas de faire face à l'autre, mais à soi-même. Que la différence entre une personne libérée et une personne libre est que le libéré a toujours le maître, quelque part dans sa tête, là où la personne libre agit en fonction des circonstances et affronte ses problèmes avec les moyens qui sont à sa disposition.
Alors je te pose cette question: es-tu libre ou libérée? La génération actuelle d'afrodescendants, en quête de son identité, dans un souci de rétablir la vérité sur l'Afrique, de montrer un autre visage de l'Afrique, cette génération agit-elle comme libre ou libérée?
Peut-être qu'il est temps d'avoir une approche différente dans notre manière de raconter l'histoire? Une histoire plus orientée sur nous-mêmes et sur nos sociétés, et moins dans l'optique de réécrire l'histoire, car je pense que cela a déjà été fait, notamment par Cheikh Anta Diop, pour ne citer que lui.
Quel est ton avis? Doit-on réécrire l'histoire de l'Afrique ou écrire une toute nouvelle histoire?
Le Journal d’Ethnic Lov est un recueil de lettres destiné aux femmes afrodescendantes. Chaque semaine, découvre dans ta lettre un message, un questionnement, une ressource pour t’aider à assumer pleinement ton identité plurielle. On y parle de valorisation culturelle, affirmation de soi, fierté identitaire, pour contribuer à une meilleure connaissance de l’histoire et de la culture africaine dans sa diversité. Des récits de vie, racontés ou partagés par des femmes du quotidien, pour inspirer et guider chaque femme qui cherche à être en phase avec elle-même.